Située à l'extrême nord de l'île, c'est ici que la route s'arrête. La commune de Grand-Rivière rassemble tous les paysages en un seul lieu : la montagne, la mer, la forêt, les rivières. Son nom lui vient de la rivière qui la traverse.

La route qui mène à Grand-Rivière est surprenante, s'enfonçant dans une forêt profonde avant de découvrir les paysages cotiers. Etroite et sinueuse, elle plonge dans les ravines puis remonte, abrupte ; Cette fois, c'est Samuel qui conduit, il klaxone avant chaque virage, je suis inquiète ... Bon ! je me concentre sur ce que la nature nous offre : des vues magnifiques sur la mer étincelante.

Après le pont suspendu qui nous sépare de Macouba, de grandes pancartes nous accueillent : "Kontan Wè zot !". Nous arrivons dans "un bout du monde" presque abandonné, au milieu d'une forêt dense et au bord d'une mer très agitée battue par les vents. Les côtes et les plages ressembleraient presque à la Bretagne indomptée ; les habitants préfèrent se baigner dans la rivière car la baignade est interdite dans la mer pour cause de danger. C'est avant tout un village tourné vers la pêche aux poissons venus du large tel l'espadon, les gros thazards, thons et dorades.

Nous traversons un autre petit pont à l'entrée du village. En contrebas, des cascades à écrevisses sous les pierres et dans l'eau fraîche de la Grande Rivière. Serge est heureux de nous faire partager un des plus beaux endroits de son île.

Une eau où l'on peut sans désagrément se livrer à la tradition du bain de rivière et l'une des plus belles pour pratiquer le canyoning.

Samuel et moi décidons de marcher jusqu'au bout du "Bout du Bout" ... enfin, je veux dire jusqu'au bout de la nouvelle jetée construite récemment, qui protège le port de la forte houle venant du nord, face à l'île de la Dominique. La passe entre la Dominique et la Martinique est dangereuse. N'empêche, c'est là que les pêcheurs, chaque jour, à bord de leurs fragiles embarcations traquent le coulirou et autres gros poissons de mer.

Parfois les vagues sont très menaçantes. Le courage des pêcheurs est admiré dans toute l'île.

C'est à cet endroit précis, quelques secondes après la photo, qu'une vague énorme est venue s'abattre de notre côté de la jetée. Plus un poil de sec ... heureusement, il fait 31° ...

Il est 18h, le soleil a commencé sa descente. Nous retournons vers le port où nous attendent Annette, Angélique, Serge et Daniel.

Le spectacle est magnifique.

Un pélican brun, le plus grand oiseau de mer des petites Antilles tournoie depuis plus d'une heure, il repère ses proies, plonge et ne les rate jamais ... Ce gros palmipède mesure près d'un mètre de long pour une envergure pouvant atteindre les deux mètres. Il possède une poche sous la mandibule inférieure. Elle lui sert de filet de pêche, mais aussi de ventilateur quand il fait trop chaud. Il se nourrit de petits poissons qu'il capture en faisant des plongeons spectaculaires, basculant sur l'aile, piquant et crevant la surface de la mer en étendant le bec et le cou en avant et en mettant ses ailes en arrière au dernier moment. Puis, il remonte comme un bouchon, avec la poche remplie d'eau qu'il évacue, bec fermé, gardant le ou les poissons qu'il avale en relevant le bec vers le haut. Nous venons d'assister à un spectacle aussi inattendu que surprenant.


Quelle belle journée !