Cotonou en 4x4
 


COTONOU... en 4x4 à travers la capitale économique


L'origine de Cotonou est liée à l'esclavage. Fondée en 1830 sous le régime du roi Guézo, la ville commerce pendant plusieurs années avec les traitants européens. Après l'abolition de l'esclavage, la ville se développe au détriment des villes voisines Ouidha et Porto-Novo pour devenir un lieu qui, malgré sa taille humaine, concentre la plupart des activités économiques du pays.

Un sommet de la francophonie y a d'ailleurs été organisé récemment; l'imposant centre de conférence et le Novotel de bord de plage ont été construits pour l'occasion.
Un simple coup d'œil sur un plan de Cotonou ou la vue de quelques monuments pharaoniques comme la place de l'étoile suggèrent une ville rigoureusement organisée par un quadrillage minutieux des rues.
Pourtant en arrivant par la route, nous sommes subjugués par la circulation. L'image réelle de Cotonou est donc celle d'une ville fourmilière où règne une agitation presque anarchique. On y conduit dans tous les sens en klaxonnant et confondant trottoir et chaussée… Ne cherchons pas en vain un centre ville digne de ce nom. Cotonou est la plus grande ville du pays (plus de 700 000 habitants). Sa réputation de cité violente et peu sûre n'est plus de mise aujourd'hui, même si comme dans beaucoup de grandes agglomérations, quelques précautions élémentaires s'imposent, sur les plages et les marchés en particulier.
A priori, il n'y a pas de véritables attraits touristiques. Mais on est vite séduit par une ambiance – celle de l'étonnant marché Dantokpa ou du quartier Jonquet, façon de vivre le jour et la nuit et un je-ne-sais-quoi qui pousse inéluctablement à l'oisiveté.
Et puis cette chaleur, cette chaleur humide que l'on touche, que l'on sent, cette odeur particulière, mêlée à toutes les autres effluves, agréables ou non, qui sont autant de promesses d'un monde radicalement différent : les beignets et les bananes plantains grillées, le poisson… mais aussi cette odeur âcre de poussière, et d'émanations des pots d'échappement des zémidjans qui roulent comme des fous et qui n'ont apparemment jamais entendu parler du code de la route...
Cotonou c'est aussi les bruits : de la circulation, des femmes qui vendent des beignets ou des fruits sur le bord de la route, des jeunes qui nous accostent pour vendre des cigarettes, une dispute entre deux "nanabenz" (à propos d'un homme ? ou d'une querelle de vendeuses concurrentes) et au loin, le son d'un électrophone qui grésille au rythme d'une danse folklorique... Très sensitif mon premier contact avec l'Afrique !
Nous nous arrêtons un moment sur la plage de Cotonou.





Notre ami nous recommande de ne pas se baigner, c'est interdit à cause de la barre...

Nous courons tout de même sur cette magnifique plage de sable fin en direction de l'océan ; il fait si chaud ... Julie et moi ne pouvons résister à l'envie de nous tremper les pieds...

Puis nous nous rendons au carrefour Kadjéhoun en direction de la route des Pêcheurs. Nous rencontrons d'innombrables petits marchés aux fruits et légumes et aux épices.

Nous nous arrêtons un moment sur la plage de Cotonou.
Après avoir traversé la voie de chemin de fer nous empruntons la route de sable qui longe la mer jusqu'à Ouidah sur 30 km. Le cadre est absolument paradisiaque : sur la gauche, une large plage de sable blanc borde la mer; sur la droite, une immense cocoteraie parsemée de cabanes de pêcheurs. La route est très praticable sur les premiers kilomètres. Il y a là quelques paillotes, souvent tenues par des Européens, où il est possible de boire un verre ; ici on peut lire sur une enseigne "écoute ta soif" !!!... j'ai déjà vu cela quelque part... Julie s'installe au volant du 4x4 pour le plaisir ; la route est déjà plus irrégulière, pour ne pas dire parfois franchement cahotante. Je trouve qu'elle va un peu vite sur les trous et nous faisons des bonds indescriptibles à l'arrière...

 

Nous nous arrêtons quelques instants pour discuter avec des familles de pêcheurs ;
ils sont toujours très souriants, accueillants ; ils nous offrent des noix de coco pour nous désaltérer ;
nous distribuons des bonbons aux enfants ravis... Les bébés sont adorables !


La route accède au mémorial de Zoungbodji à Ouidah.
À 40 km à l'ouest de Cotonou, en allant vers le Togo, la ville de Ouidah, ancien centre d'embarquement des esclaves vers le Brésil et Haïti. Lorsque, vers 1472, les navigateurs portugais accostèrent au fond du superbe golfe du Bénin, le royaume était à l'apogée de sa puissance commerciale et culturelle. Les Portugais installèrent leurs missionnaires, construisirent des églises, pillèrent les mines de cuivre et, surtout, instaurèrent pour quatre siècles le plus important trafic d'esclaves de toute l'Afrique. Ce qui valut pour toujours à la côte béninoise le nom de "côte des esclaves". Du moins respectèrent-ils la culture et le patrimoine artistique du royaume. Ce que ne firent pas les autres Européens et surtout les Anglais qui, à la fin du 18e siècle, sous couvert de "colonisation", déportèrent le roi et pillèrent sans vergogne les trésors culturels du Bénin.
Nous reprenons la route des esclaves pour rentrer à Cotonou. La plage, au bout de cette route est si belle et si paisible qu'on a du mal à imaginer que près d'un million d'êtres humains ont été déportés là...

 

Notre ami Jules a repris le volant. Nous nous dirigeons vers le port industriel, le port militaire et le port artisanal de pêche de Cotonou.

Toutes les pirogues sont rentrées de la pêche.

La plage est envahie, le marché s'anime tranquillement, on y trouve des poissons étonnants et toutes sortes d'épices.


Nous nous rapprochons du centre de Cotonou, la fourmilière... Ils sont aussi sur le menu que nous apporte le serveur du "Maquis Pili-Pili". Ce charmant petit restaurant se situe dans une rue parallèle au boulevard Saint-Michel donnant sur l'avenue Steinmetz. Beaucoup de familles béninoises possèdent quelques poulets qui survivent dans la rue; chacun sait les reconnaître au moyen d'un petit ruban accroché à une de leurs ailes. Ils trouvent leur nourriture parmi les détritus qu'ils peuvent glaner par ci par là dans la terre et le sable, entre les motos et les voitures. Ils sont d'ailleurs très musclés car ils doivent courir très vite afin de ne pas se faire écraser ; c'est ainsi qu'on les appelle les "poulets bicyclette".
Ils sont aussi sur le menu que nous apporte le serveur du  Maquis Pili-Pili. Ce charmant petit  restaurant se situe dans une rue parallèle au boulevard Saint-Michel donnant sur l'avenue Steinmetz.
Ici un repas coûte environ 5500 Fr. CFA. Le cadre est très agréable, et l'on y trouve une clientèle africaine aisée surtout. Le poulet bicyclette étant trop musclé, je choisis une dorade de 35 cm !! avec des ignames frits (plante à tubercules qui ne pousse que dans les pays chauds, riche en fécule, comme nos pommes de terres !) et bien sûr une bonne "Béninoise en bouteille" (bière du pays)...
Après ce bon repas, nous nous dirigeons vers le fameux "stade de l'Amitié" construit et offert par les Chinois. On reconnaît bien leur style, il y a une pagode à l'entrée. C'est là qu'en 1992 le Pape Paul VI s'est adressé aux Béninois. Puis nous repassons sur l'immense place de "l'Etoile-Rouge" - une bonne imitation du style soviéto-stalinien...


Près du nouveau pont, au bord de la lagune : le grand marché Dantokpa ; il va nous falloir une bonne heure pour le traverser. Sur plusieurs hectares, des marchandises les plus inattendues sont exposées sur d'innombrables petits étalages. Je repère des tissus magnifiques, et compte bien revenir avec Monique. Ici règne une animation indescriptible, une immense ruche. Une partie des clients arrive de la lagune en pirogue !
Le temps passe vite, nous ramenons les filles à la mission catholique du Sacré-Cœur.





Tout près, dans son petit atelier un artisan transforme le maïs en farine, toujours sous une chaleur accablante. Puis c'est l'heure de se rendre à l'aéroport pour accueillir Monique et Amélie.


Il est tard lorsque nous nous rendons tous chez l'oncle de Jules où nous sommes attendus pour le dîner. Une fois encore, une soirée chaleureuse, et un repas délicieux.

Jules, Monique et Amélie dormiront dans leur famille ; Daniel et moi passerons une dernière nuit à l'hôtel de l'étoile. L'estomac plein de patates sautées, de capitaine, de bananes plantains, et d'ananas bien mûr, je sens mes yeux qui se ferment.


Cotonou en 4x4