Ganvié, la Venise béninoise
 



Sur le lac Nokoué

C’est jour de marché : une foule bigarrée et criarde a envahi l’embarcadère. Nous nous frayons un passage entre les étals de daurades et de tilapias. Nous avons préféré une barque à moteur plus rapide pour parcourir les 8 km qui nous séparent de Ganvié, un des villages lacustres construits sur pilotis.



De l'eau à perte de vue, la barque ralentit à l’approche des frêles embarcations à la voile faite d’un sac plastique ou mieux d’un patchwork de tissus colorés, parfois conduites par des gamins.



Un peuple de pêcheurs

Puis, nous abordons les zones de pêche. Depuis le 18ème siècle, un peuple, les "Toffinous", hommes de l’eau, se sont organisés et ont développé une technique ingénieuse :


des branchages, portant encore leurs feuilles, fichés en terre dans le lac peu profond en saison sèche, forment des réserves à poissons qui se nourrissent grâce à la décomposition des végétaux favorisant le développement du plancton et des microorganismes. Et, grossissant, ils sont pris au piège, ne peuvent plus s’échapper de l’enclos ; les pêcheurs n’ont plus qu’à poser des filets de fond et des nasses pour attraper poissons et crustacés.



Le village


Les premières maisons aux toits de tôle peinte se profilent. C’est tout un village qui vit sur l’eau, avec sa poste, ses bars, sa maternité et même ses lieux de culte. La vie dans des cases construites sur pilotis dans un lac peu profond a préservé les premiers habitants des guerriers "Fons" que les tabous empêchaient de s’hasarder sur l’eau.


La barque glisse entre les habitations comme sur des canaux qui se rejoignent sur la place du marché : là, les pirogues, conduites par les femmes, regorgent de fruits et de légumes empilés sur des étals et paniers tressés.




Une légende

On raconte que par suite de guerres tribales, ils sont arrivés avec leur roi Agbogdobé en 1717. C’était alors la brousse. Ce roi, puissant en Vaudoun, se métamorphosa en épervier, survola la lagune et découvrit l’île de Ganvié. Ses gens restés sur la rive ne pouvaient pas passer. Il fit alors une autre magie qui le transforma en crocodile, transportant ainsi ses collaborateurs sur son dos. Depuis, le crocodile est sacré à Ganvié. Le nom Ganvié vient de Gan (sauvé) et de vié (collectivité).


 



Notre promenade bucolique s’achève. Un vent frais se lève et le moteur s’échauffe à nouveau pour ramener nos esprits rêveurs et emplis d’images sur la terre ferme.





Ganvié, la Venise béninoise